samedi 28 janvier 2012

Les chemins retrouvés de Mélis...


    A mi-chemin entre Cuzorn et Saint-Front, avant d'arriver à l'usine Tarkett ( ex Marty ), une petite route escalade  le coteau et nous conduit à la découverte de la combe de Mélis.
     Dépression encadrée par deux " pechs " en forme de promontoires, occupés chacun par les hameaux perchés de Mélis d'un côté , de Lajasse-Mélis de l'autre, la combe voit sur ses versants s'étager les lieux-dits : Botge , Bardoulet , Baillarguès , Gigoutoux , au Tournié, au Barradis..  autant de fermes , pour la plupart restaurées,  qui témoignent d'une ancienne vie rurale très active.
     Peu de fausses notes dans ce paysage jusqu'à présent préservé : même le  village de gîtes des Loges de Mélis, relativement récent,  a réussi à se dissimuler  dans un creux du coteau ...

Pigeonnier de Buffevent
                                                                
     Tout au sommet de la combe, un grand pigeonnier en ruine isolé au milieu des champs : il s'agit en fait du dernier vestige d'une ferme autrefois importante et aujourd'hui disparue : " Buffevent ", dont le nom, rayé des cartes et des cadastres actuels, n'existe plus que dans la mémoire de quelques anciens ..( et sur le cadastre de 1827, consultable  sur le site des Archives départementales en ligne. )
     Nous sommes ici au point culminant de la commune de Cuzorn ( 243 mètres.. ) et la vue sur la vallée de la Lémance est exceptionnelle.

     Non loin de là, à proximité de la ferme de Gigoutoux, subsiste une bergerie agrémentée de son minuscule pigeonnier à toiture de lauzes ; témoin sans doute d'une ancienne occupation pastorale de cette partie du coteau.
                                
                                                   
        Le manoir de Mélis, construit à la fin du 17ème siècle, domine le versant Nord de la combe  : four à pain, forge, cuisine pavée de galets en mosaïque, dépendances du 18 ème siècle avec pigeonnier en " pied de mulet " :   exemple typique d'ancienne  demeure du Fumélois,  autrefois au coeur d'une importante  exploitation agricole.

Le manoir de Mélis domine la combe

ses dépendances

 Les chemins de Mélis
         Aucun sentier de randonnée balisé n'existe dans ce secteur de la commune de Cuzorn : mais la vie rurale, active autrefois, a généré un intéressant réseau de chemins reliant hameaux et fermes. Certains sont devenus de petites voies communales goudronnées,  d'autres sont de simples chemins ruraux guettés par l'embroussaillement...
         La carte ci-dessous  essaie de faire le point actuel de l'état des chemins ruraux :
en vert continu, ceux qui sont encore praticables ( en pointillé, ceux qui ont quasiment disparu sur le terrain, mais sont heureusement encore présents sur le cadastre 2012 ..).

Cliquer sur la carte pour l'agrandir

       Pour accèder à Mélis à pied, depuis la D 710 : se garer le long de la route, au niveau de l'extrémité Nord du parking ( privé ) de l'usine Tarkett, et suivre le premier sentier sur la gauche . Ce très beau chemin (  mentionné " de Lascombes à Ratier " sur les cadastres ) a été débroussaillé  par des bénévoles de l'Association  Val-Lémance  au printemps 2011.  Remonter vers Tourrin ( ou continuer vers Lascombes ) pour accèder aux petites routes de Mélis.
        Un autre accès possible pourra peut-être se faire, dans l'avenir, à partir du petit parking près de la fontaine de la Mairière ( qui, elle, est privée ) : mais le tronçon de chemin rural rejoignant Barradis est embroussaillé, et un projet d'aliénation du chemin par la commune est encore d'actualité…

Vallon de Lasbozios : abri dans muret

      Ces  chemins de Mélis  nous permettent de côtoyer un petit patrimoine rural encore abondant dans la combe : gariottes ( surtout vers Lasbozios ) , sources souvent accompagnées de fontaines,  croix de chemins... Notons toutefois que ces vestiges de l'ancienne vie rurale sont en général du domaine privé et que l'autorisation du propriétaire est souvent indispensable pour y accéder.
                                                                                                                                                                                                                                                                    
     Croix de chemin au lieu-dit Tourrin

Gariotte au lieu-dit Botge

     En ce qui concerne le patrimoine naturel, le promontoire de Mélis présente une particularité unique dans le Fumélois : sur son versant Sud se développe une belle station de chêne verts ( Quercus ilex ), dont certains très âgés ; alors que la forêt qui couvre le versant Nord ( dominant le vallon de la Rivièrette ) comprend un certain nombre de hêtres communs (Fagus sylvatica) dispersés dans la chênaie-châtaigneraie. Cette espèce, qui n'est pas indigène dans le Fumélois, a sans doute été plantée ici autrefois ; mais elle s'est maintenue et naturalisée, sans doute à la faveur du plus faible ensoleillement de ce versant.

Vieux chêne vert au versant Sud de Mélis



vendredi 20 janvier 2012

Le coteau de Casserouge, refuge de biodiversité...




     A environ 2 kilomètres à l'Est de Tournon d'Agenais, le coteau de Casserouge domine la vallée du Boudouyssou d'une cinquantaine de mètres.


Coteau de Casserouge en octobre 

        Le versant sud de ce promontoire de calcaire s'avançant au dessus de la dépression du Tournonnais présente un grand intérêt patrimonial au plan de la biodiversité.
       Il fait partie de l'ensemble " Coteaux du Boudouyssou " , site inscrit au programme  Natura 2000 du Lot-et-Garonne , mais de plus, afin d'assurer sa préservation , le Conservatoire des Espaces Naturels d'Aquitaine  en a aquis une partie  , l'autre partie faisant l'objet d'un contrat entre le C.E.N et le propriétaire.
        On peut consulter ( et télécharger ) la description complète du coteau sur le site du C.E.N. , ici
       En ce qui concerne la flore de Casserouge, elle a fait l'objet de relevés relativement précis, et on a pu y dénombrer par exemple plus de vingt espèces d'orchidacées. 
       Mais la plante la plus emblématique du coteau, et qui est la seule à bénéficier d'une protection au niveau national, est l' Aster amelle ( Aster amellus ), appelée plus communément Marguerite de la Saint-Michel , parce qu'elle fleurit à la fin septembre.
        Dans le Fumélois, ce petit aster se trouve encore, disséminé, sur les coteaux du Boudouyssou, de Cazideroque à Courbiac ; il serait à rechercher au Nord du Lot sur les pelouses sèches de Condezaygues ou les coteaux de la Lémance.
        Sa cueillette, son arrachement et sa commercialisation sont strictement   interdits.



                                                            A Casserouge : Aster amellus butiné par un Zygène ( Zygaena sp. )

         Concernant la réglementation et la liste des espèces végétales protégées, le texte fondateur, et toujours en vigueur, est l'arrêté du 20 janvier 1982 ( il y a aujourd'hui exactement 30 ans..), et, pour les espèces qui bénéficient pour l'Aquitaine d'une protection régionale, l'arrêté du 8 mars 2002.  Ces deux textes étant consultables sur le site de la  DREAL d'Aquitaine .

        Vue sur le Tournonnais depuis Casserouge
                                                                                 

                                          
                                                 


                                                                     Pour aller à Casserouge

     Se garer au petit parking situé à l'entrée du bois des Tombeaux des Géants sur la droite de la RD 656.  Emprunter le chemin rural qui part en direction de Tournon, indiqué en orange sur la carte ( à voir, l'ancien moulin de Casserouge au sud de ce chemin ).  



                                                                                         Cliquer pour agrandir la carte.

    A remarquer, à une centaine de mètres à l'Est du parking, les alignements mégalithiques dits des " Tombeaux des Géants ". Cette nécropole néolithique à été décrite en particulier  dans un article du "Bulletin de la Société Préhistorique française" ( année 2000, n° 97 )  :Les architectures mégalithiques du département de Lot-et-Garonne ( Alain Beyneix ).



                                                                          "Tombeaux des géants " : le premier tumulus.



                                            

vendredi 13 janvier 2012

A Bazérac, l'ombre de Roman Opalka..

         Lorsqu'on suit ( si possible à pied ou à vélo..) l'étroite route qui occupe le fond de la combe de Bazérac , vallée sèche qui s'ouvre à l'Ouest sur la vallée du Dor et qui limite les communes de Montayral et de Thézac, on peut apercevoir, au débouché d'un petit  vallon, le manoir de Bazérac.


     Noyau ancien du bâtiment daté de la fin du 15ème siècle, agrandissements successifs aux 17ème et 18ème siècles ( d'où l'adjonction de cette petite bretèche d'angle qui lui donne un aspect défensif ), ancienne grange au moins bicentenaire... : le bâtiment a fière allure et fait bonne figure parmi la demi-douzaine de manoirs et de maisons fortes qui parsèment le territoire de Thézac.
     Certes il n'est pas le plus imposant, mais il est le seul dont le nom est connu dans le monde entier, du moins des amateurs d'art contemporain.



     C'est en effet ici qu'a vécu et travaillé, pendant presque trente ans, Roman Opalka, personnage majeur et atypique de l'art contemporain.
     Il y créa son oeuvre la plus importante :" 1965, de 1 à l'infini " . Après avoir quitté Bazérac pour se rapprocher de Paris, il est décédé près de Rome en août 2011. Depuis son départ , la vieille demeure aux volets clos attend un nouvel occupant...
     Concernant Roman Opalka voir en particulier sur le site de l'INA la vidéo tournée à Bazérac en 1994 :
   Fondu au blanc - Roman Opalka  , et le  site  officiel consacré au peintre.                   

                                       
           Promenade-découverte :
         De Mortayroux à Bazérac.

      Se garer le long de la route de Montayral à Mauroux, sur le parking situé après l'intersection avec la route de Bazérac, et descendre dans le chemin rural à l'extrémité Est du parking.
   La promenade, chevauchant les limites communales de Thézac et Mauroux,  nous fait approcher les vieux villages de Laveysse et de la Combe de Mortayroux, et permet de découvrir pas moins de quatre anciennes fontaines et lavoirs : Laveysse, La Combe, Bazérac et la Font Nebo. 
Ce circuit , non balisé ( se munir de la carte IGN 1939E )n'emprunte que des chemins ruraux publics. Longueur : environ 6 km.
Au retour, entre Mortayroux et Bazérac, prendre garde à ne pas emprunter les chemins privés qui conduisent à Pellery ou Fontorbe : prendre le chemin rural qui descend au milieu du champ.
                     


                                                     Cliquer pour agrandir la carte




Combe de Mortayroux : Nèflier en automne
                                             

jeudi 5 janvier 2012

Près de Bonaguil , l'étrange jardin de Gilis..


 Bonaguil vu de Peyroulié.

     " Tout près de Bonaguil, un petit chemin musarde parmi les pins et les châtaigniers. Vicinal et ordinaire dans un paysage déjà caussenard mais encore périgourdin. Et soudain, sur le bas-côté, un curieux gendarme somme l'automobiliste de ralentir et l'invite à s'arrêter. Priorité au rêve. Tel un mirage surgi d'une balise, on découvre, incrédule, le petit monde de Gilis. On est ému, saisi; c'est l'enchantement..."
        Ainsi commence l'article de Joe Ryczko paru dans la revue Plein Chant de 1991 ( " Les excentriques du Pays au Bois " ), dans lequel il décrit le jardin de Gilis à Barras, près de Bonaguil.
         Prosper Gilis, maçon à la retraite, y créa de 1968 à 1974 ( date de son décès ), un étonnant ensemble de personnages hiératiques et d'animaux stylisés, en recouvrant de couches de ciment des armatures de fer et de papier qu'il avait façonnées.
        Quarante ans  plus tard ( et vingt ans après l'article de J. Ryczko ) , que reste-t-il du jardin enchanté de Gilis ?
                                                                                      
                                                                                                                                                                                               
                                                             
                                                                          Le gendarme, quoiqu'un peu défraîchi 
                                                                                         reste fidèle au poste..
...
                                                                                         
                                                                                                                           
                                                         
                 

Certains sujets sont presque intacts
d'autres sont plus ou moins envahis  par la végétation..




                                           



                                                                                        
                               
       


           
       La magie du lieu reste intacte, alors que, la  nature reprenant ses droits, les personnages se perdent peu à peu dans le paysage et que la plupart des usagers de cette route ignorent ce petit chef d'oeuvre de l'art brut..
      





       A voir aussi, concernant Prosper Gilis :Le numéro 6 de la revue Zon'art
et le beau blog de Jean-Michel Chesné consacré à l'art populaire.


                     
  PROMENADE-DECOUVERTE
De Bonaguil à Barras
                                                       
      En partant du parking bas de Bonaguil , on suit à pied la petite route qui longe le ruisseau de Caupenne, et qui s'élève progressivement juqu'au lieu-dit Barras. Pour le retour , emprunter le chemin de petite randonnée qui à travers bois relie Barras à Bonaguil. ( circuit d'environ 4 km .)

                                                                                        Cliquer pour agrandir la carte                     
    A remarquer :
          - A environ 50 m du sentier, dans le sous-bois, on distingue ce qui est sans doute la dernière ancienne maison d'habitation à couverture de lauzes du Fumélois : les lauzes calcaires reposant directement sur la voûte encorbellée en pierre sèches ( pas de charpente). Sa construction remonte sans doute au 18ème siècle ( elle est dans une propriété privée clôturée , ne pas y pénétrer sans autorisation ).
          - Avant d'arriver au château , on emprunte en partie le beau sentier d'interprétation du paysage ( en orangé sur la carte ) , agrémenté de très instructifs panneaux créés par le CEDP d'Agen à l'initiative de la Communauté de communes ( circuit téléchargeable ici ).





             A Barras : Maison à couverture de lauzes.