vendredi 20 avril 2012

A Cazideroque, d'Alcastel à Najejouls...





           Perché à flanc de colline, Cazideroque se laisse approcher par de petites routes tortueuses escaladant le versant nord de la vallée du Boudouyssou.
           Le site dominant du bourg, et l'harmonie de ses vieux toits regroupés autour de l'église en font sans conteste un des plus beaux villages du Fumélois. 



        La construction de l'église paroissiale Saint-Gilles remonte au début du 12ème siècle : la nef est romane, mais le clocher actuel, qui en est bien séparé, a été construit au 16ème siècle, et surmonté d'une flèche au 19ème siècle.
        L'intérieur présente, entre autres, un bel ensemble de chapiteaux sculptés datés de l'origine de l'église. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1957.



Eglise de Cazideroque ( à l'arrière plan, château de Puycalvary ) 

     On remarque, à l'extérieur du chevet de l'église, des modillons ouvragés qui sont un des restes de la construction primitive : ils sont séparés par des métopes dont les orifices ont été obturés ; l'édifice appartient bien tout de même au groupe restreint des églises romanes à métopes perforées.


Eglise Saint-Gilles : modillons.

       Dénommé "Alcastel" sur les cadastres, le château de Cazideroque est construit au sommet d'un rocher bordant le pech qui domine le village. 
       D'après l'étude des éléments architecturaux médiévaux subsistants, on peut sans doute estimer que le château primitif date du 13ème siècle ( étude réalisée par Alain Beschi en 2006 dans le cadre de l'Inventaire Aquitaine ) .
Mais le "Castel" a subi de nombreux remaniements aux cours des siècles, et son aspect actuel est issu des modifications apportées aux bâtiments à la fin du 19ème siècle.


Château de Cazideroque


Promenade-découverte
autour du pech de Cazideroque


     Cette promenade pédestre, d'environ 5 km ( en orange sur la carte ), part du parking situé tout en haut du village et emprunte de petites routes communales qui serpentent à flanc de coteau et offrent de belles perspectives sur la vallée du Boudouyssou et les " pechs " qui la dominent.
          
Cliquer pour agrandir la carte


       Najejouls... de nos jours, le nom désigne cette grande maison de maître, bâtie à l'aube du 20ème siècle au pied de la colline du même nom.
       
Najejouls

       Au Moyen-Age, le haut de ce pech était occupé par un village groupé autour d'un château et d'une église, dédiée à Saint-Etienne : Najejouls était une paroisse, à l'égal de Cazideroque, voire plus importante. Assiégé par les partisans du roi de France, il est pris et rasé en 1441. A la différence d'Orgueil, le site fut de nouveau en partie habité ( il figure encore, comme siège de la paroisse, sur la carte de Belleyme du 18ème siècle ). Puis il fut totalement abandonné au 19ème siècle.


Extrait de la carte de Belleyme

       Aujourd'hui, au sommet de la colline boisée, un vieux puits et quelques murs en ruine sont les seuls vestiges du village disparu... 

Pech de Najejouls

       Dans tout ce secteur, de beaux arbres préservés, chênes ou tilleuls pour la plupart, ombragent les cours des fermes ou ponctuent les limites de parcelles.
       Le grand chêne situé en contrebas de la ferme de Rocal doit avoisiner les deux cents ans ; on remarquera qu'il se trouve sur le tracé de l'ancien chemin reliant autrefois Cazideroque à Tournon.
 
Vieux chêne près de la ferme de Rocal



vendredi 6 avril 2012

Sur les hauteurs de Cuzorn, métopes et érythrones...

  

     L'église paroissiale Saint-Martin de Cuzorn est située au hameau de Gibert, à environ 400 mètres du bourg, et domine la vallée d'une cinquantaine de mètres.
     Elle présente à première vue les caractères d'une église reconstruite à la fin du 19ème siècle : clocher octogonal ( de 1880 ) et nef plutôt massive ( un peu antérieure ) ne témoignent pas d'une très grande harmonie architecturale... 
      Sur son parvis un arbre remarquable fait contrepoint à la silhouette un peu fluette du clocher : cet Ailante ( Ailantus altissima ), de près de trois mètres de circonférence, est sans doute le plus majestueux de son espèce dans le Fumélois.

Eglise Saint-Martin : façade.
      
       Mais il faut entrer dans le vieux cimetière situé à l'arrière de l'église pour découvrir le petit joyau médiéval que ne laissait pas prévoir la banalité de la façade : le chevet est composé d'une abside et de deux absidioles recouvertes de lauzes,  restes de l'église romane originelle, construite à la fin du 11ème siècle. 

Abside et absidioles de l'église

     Une quarantaine de  modillons sculptés, tous différents , sont abrités sous la corniche, elle même ouvragée.


Quelques modillons de l'église Saint-Martin

       Entre les modillons, les métopes  sont percées d'un orifice circulaire, entouré de cercles concentriques. On retrouve cette particularité architecturale dans un certain nombre d'églises romanes du Fumélois ( à proximité immédiate,  Saint-Front , Blanquefort  ou Monsempron en sont d'autres exemples ).



Modillon entre deux métopes perforées



     A moins d'un kilomètre de l'église en direction du Sud-Ouest, le lieu-dit " Roc de Janouga " domine la D 710 avant son entrée dans Cuzorn. Une chênaie-charmaie, orientée au Nord, y couvre le coteau escarpé qui surplombe la route départementale. C'est la seule station lot-et-garonnaise d'une petite liliacée de moyenne montagne : l'érythrone dent-de-chien ( qui doit son nom d'espèce à la forme de son bulbe ). Par ailleurs, la scille à deux feuilles, espèce protégée en région Aquitaine ( Arrêté du 8 mars 2002 ), est ici encore relativement abondante dans le sous-bois.




Promenade
de Gibert à Roudigou

     Un circuit balisé de petite randonnée, nommé " Cuzorn-Tandou"  figuré en jaune sur la carte, peut-être téléchargé sur le site de l'Office de Tourisme " Fumel-Vallée du Lot "
      La promenade complémentaire proposée, en orange sur la carte, part du parking de l'église , emprunte en partie le circuit balisé, pour s'en éloigner et passer à proximité du domaine de Roudigou ( environ 4 km ).



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       Le manoir de Roudigou se profile au sommet de la colline, dominant les vastes vergers de pruniers du domaine. Construit dans le premier quart du 18ème siècle par la famille des de Bel de Roudigou , on y retrouve les caractères d'une demeure  siège d'une importante exploitation rurale : corps de bâtiment en fer à cheval encadrant une cour, pigeonnier ( ici en " pied de mulet " ), étuve à pruneaux, habitation du métayer..


Manoir de Roudigou
        

    Mais une autre raison explique la relative notoriété du vieux logis de Roudigou : en 1954, le philosophe indien  Jiddu Krishnamurti (1895-1986)  y séjourna assez longuement, invité par un de ses amis parisiens, à l'époque propriétaire du domaine, Léon de Vidas. Il y écrivit en particulier ses " Commentaires sur la vie ". Krishnamurti fut un des maîtres à penser du 20ème siècle , toutefois plus connu dans les pays anglo-saxons qu'en France .
      Singulier parcours que celui de ce philosophe : après avoir été perçu malgré lui comme un nouveau " messie " par le mouvement théosophique vers 1920, il s'écarta, pendant la seconde partie de sa vie, de toute espèce de religion, soulignant le caractère absurde des rites religieux et des allégeances à des prophètes, messies ou autres gourous...